Le voyageur de l'âge du temps réel subit l'inertie paralysante d'un temps radical.
Et il le subit en surplus, et même à défaut, de la gravité qui s'exerce depuis toujours dans l'espace habituellement parcouru. [...] Les technologies dites « mobiles » sont ici l'emblème, le carrefour d'une nouvelle sorte de mobilité. Le trajet est en effet compris de façon traditionnelle comme une distance balisée par un point de départ et clôturée par un point d'arrivée.Toute mobilité, rappelle Heidegger dans l'étude qu'il consacre à la Physique d'Aristote, est métabolè ex tinos eis ti - Umschlag von etwas zu etwas : la lancée depuis quelque chose jusqu'à quelque chose, et de telle sorte que le second soit après le premier.
Pourtant, si nous assistons sans cesse à l'arrivée des événements qui se succèdent sans discontinuer sur les écrans, on ne sait plus depuis longtemps d'où ils proviennent. Le principe du trajet et du développement qui les oriente n'a d'autre axe moteur que lui-même. Aucune autre coordonnée que le mouvement autonome du mouvement sur lui-même, sans départ et sans arrivée - puisque l'arrivée qui survient ne peut plus se définir par le moment structurant d'un point initial. De telle sorte également que le second ne vient plus nécessairement après le premier.
Une métabole des tard-venus, hystérologique, à part le centre référent de l'inertie gravitationnelle qui définissait encore voici peu, le mouvement des choses communes autour de nous...
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