Pour comprendre le nouveau statut des objets textués numériques, il suffit d'admettre que désormais c'est finalement l'image en temps réel de l'objet qui prend le pas sur la chose représentée.
Il s'agit là d'une situation bien différente de celle qui préside à la logique audiovisuelle du XXème siècle pour laquelle c'était encore une certaine logique schizoïde des médias qui administrait la représentation photograhique et cinématographique du monde (logique admirablement décrite par Deleuze dans L'image-mouvement en 1983).
Maintenant la schize opposant la virtualité à l'actualité, et a fortiori la virtualité à la réalité n'a plus lieu d'être. Car la présention immédiate de l'objet appareillé sur le réseau importe beaucoup plus que la chose en elle-même: la télé-présence de l'objet codé supplée totalement l'existence originaire de la représentation.
Pour qu'une telle logique s'impose, encore faut-il que toute une codification, une textualisation de l'objet soit opérée. Et seul l'objet textué à valeur rétentionnel parvient à résoudre ce problème.