Quelle est la part de conscience, de subjectivité qui passe réellement sur le Réseau ?
Hors les machines textuelles et les algorithmes qui structurent l’actualité programmatique du web, quelle dimension du sujet parvient encore à intervenir dans l’organisation des flux de contenus qui ordonnent la toile ?
En bonne phénoménologie, seul ce qui relève du vécu de la conscience peut être réellement attribué à un sujet. Dans cet esprit, on voit mal ce que le Réseau recèle de véritablement actuel dans la constitution effective du monde, compte tenu des éléments hautement objectifs et machinaux qui remplissent sa matérialité : la phénoménologie pose la conscience et son vécu comme les véritables traits constitutifs du monde. Or la signification imaginaire si décisive dans l’élaboration des objets textués articulant le flux intelligible des contenus, n’est pas une réalité subjective de part en part. Elle ne procède pas intégralement d’une conscience et dépasse par la nature propre de son mouvement la seule sphère de la subjectivité afin de constituer un monde (l’institution imaginaire d’une société). L’attitude phénoménologique devrait donc en inférer qu’elle n’est constituante en aucune façon de la totalité des objets mentaux (puisqu’elle contient manifestement des data mondains dans son fonctionnement et ne peut être dérivée pour sa part que de la conscience et de son vécu).
Cependant les objets textués, de la manière dont nous les avons définis, sont intrinséquent construits à partir des significations imaginaires sociales : ceux-ci ordonnent les souvenirs primaires et secondaires que notre conscience élaborent quant à leur nature (pour rester dans un vocabulaire strictement phénoménologique emprunté cette fois à Husserl). De sorte qu’il est très difficile d’attribuer à la pure subjectivité l’entière responsabilité de leur éléboration.
Au même titre que la signification imaginaire dont nous avons révélé la dimension pleinement métabologique, la conscience apparaît également dans son essence purement métabolique, si l’on appelle métabolique ce qui procède par mouvements synchronisés d’objets imaginaires, c’est-à-dire d’objets textués essentiellement constitués par leurs transformations successives.
Force est de constater que la part de conscience dans le Réseau dépend prioritairement de ces objets textués ; objets textués dont la constitution se révèle tributaire en première instance des significations imaginaires qu’ils animent…
- Retrouvez ce post traité par huit algorithmes différents dans La métabole -
- Rejoignez le journal de l'Hypertexte en anglais (posts du jour différents)
- Envoyez vos textes à jp.pastor@phonereader.fr