Il convient de revenir sur la différence fondamentale qui existe entre un hypertexte et une base de données.
La base de données est un dispositif informatique d’accès à l’information qui suppose que celle-ci est préalablement structurée selon un certain nombre de critères qui aboutissent à une catégorisation (mots-clés), à une simplification (formatage des données) et à une hiérarchisation (thesaurus) de l’information et de la connaissance. Toute base de données, de ce point de vue, renforce le paradigme de la simplification et favorise une vision rigide de l’organisation des savoirs. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est le rapport qu’elle instaure entre l’utilisateur et l’information. Pour le dire en images, on pourrait assimiler la situation de l’utilisateur à celle d’un pêcheur à la ligne qui se tient sur le rivage de la mer ou sur le pont d’un bateau. Il envoie ses requêtes comme on lance une ligne ou des filets et il examine ensuite ce qu’il a pêché avant de relancer sa ligne.
L’utilisateur de l’hypertexte, lui, pratiquerait plutôt la plongée sous-marine. Il se met à l’eau, il se faufile entre les récifs et les coraux, il est en chasse. Car parcourir un hypertexte, c’est être partie prenante d’un système qui se reconfigure à chaque déplacement, un système mouvant dont on n’a jamais de vue globale mais seulement une vue locale. À chaque mouvement se découvre un nouveau paysage, de nouvelles perspectives, de nouvelles invitations à poursuivre le voyage.