Un objet textué dans l’Hypertexte n’est pas seulement de manière idéaliste dans la subjectivité de celui qui le conçoit, mais aussi dans l’objectivité des propriétés communes à toutes ses manifestations sur différents supports. Un objet textué ne peut pas être réduit à une simple identité individuelle dans la Base (à la manière nominaliste) ni reconduit à un type idéal détaché de toute nécessité phénoménale d’inscription dans le temps.
Outre le fait qu’il n’est pas possible d’opérer une catalyse afin de faire la part à ce qui revient de droit à ces deux régimes différents ( ce que j’appelle le principe d’indétermination métabologique), il convient aussi d’admettre que tout objet textué est pris dans un ensemble contingent de relations sémantiques, sémiotiques et intertextuelles qui dépendent prioritairement du facteur « temps ». La persistance ou l’intermittence de la manifestation portant l’objet textué à l’écran a pour condition nécessaire l’existence d’une phénoménalité éditoriale et d’une intelligence capable d’en opérer la réduction.
Le type d’idéalité que l’on rencontre avec l’objet textué ne se saisit pas comme « concept » et n’a rien à voir avec la problématique propre aux universaux. Ce type a manifestement à voir avec des individualités textuelles dont il fait valoir paradoxalement toute la singularité. Tout objet textué n’est pas matériel au sens empirique du terme, mais peut être rapporté à un certain type idéal individuel… Un texte ne saurait se confondre dans la Base avec sa seule inscription numérique, en ce sens qu’il reste toujours le même texte au-delà des variations de saisie et de mise en page éditoriale dont il fait l’objet.
Le statut métabologique de l’objet textué est donc double : c’est un mixte dont il est possible de décrire certains points d’immanence dans sa composition tout en marquant l’opérativité d’un grand nombre de fonctions dépassant le cadre restrictif de sa matérialité.