Un trait fondamental de notre sensibilité actuelle consiste à sans cesse remettre en question l’universalité de ce que nous connaissons, ce que nous expérimentons.
Et cette sensibilité se retrouve dans l’écriture qui porte atteinte à l'exigence classique de l’œuvre fondée sur la perfection, la cohérence et l'achèvement...
Mais la cohérence n’est pas pour autant déniée ; car nous découvrons que la cohérence ne suppose pas ipso facto l'universalité ou la nécessité. Il n'y a pas de lien de nécessité entre cohérence et universalisation. L'universel ne préexiste pas dans le singulier, le possible n'est pas l'universalisable.
Pour la première fois dans l’histoire humaine, et depuis une décennie à peine, le destin planétaire de nos individualités surdétermine les destins singuliers des nations. Et cette condition influence de manière décisive notre regard sur l’universel. Il n’est plus abstrait comme il pouvait l’être dans la politique ancienne où l’internationalisme ne pouvait connaître les communautés concrètes que sont les cultures ou la diversité des hommes. Notre universalisme devient concret, il se nourrit de la prise de conscience de notre être planétaire et de notre communauté de destin à tous.
Comme le suggère Edgar Morin, l’éthique planétaire devient une éthique de l’universel concret.