La pensée ne peut pas penser le changement pur.
Si « tout change », il n’y a pas d’objets possibles et d’ensembles pour les assembler, tout est pris dans un flux généralisé de modifications, y compris même le langage qui pourrait permettre de l’exprimer. On reconnaît là la critique classique de Platon à l’égard de l’héraclitéisme, mais peut-être pas d’Héraclite lui-même…
D’autre part, la pensée ne peut davantage penser l’identité pure - poser A=A suppose qu’il y au moins deux A identiques pour rendre compte de cette identité.
A vrai dire, l’objet au sens le plus classique pouvait encore avoir besoin d’une certaine identité ne serait-ce que pour être désigné. L’objet textué en tant qu’il ne s’embarrasse plus des préceptes de la métaphysique traditionnelle (l’objet abstraitement opposé au sujet tout aussi métaphysiquement considéré, etc.) l’objet textué donc, a pour propriété remarquable de faire valoir d’emblée sa qualité d’objet changeant en tant qu’il est ob-jet transmis sur le Réseau (c’est ici le jet de l’objet qui importe beaucoup plus que le fait d’être posé devant ob). C’est en effet à partir de l’objet textué qu’une axiomatique de l’hyper-texte semble maintenant envisageable : il s’agit là avant tout de poser les principes d’une axiomatique du changement à partir du moment où il est convenu que les choses se compliquent si l’on tente d’élever cette constatation pure « tout change » au rang d’un principe théorique véritable. Ce que Héraclite ne semblait pas lui-même approcher, compte tenu du fait que chez l’Ephésien, plus les choses changent, plus elles demeurent les mêmes…
Il s’agit donc de poser les éléments d’une théorie générale du changement. Si c’est une théorie générale, les domaines d’applications sont tellement nombreux que les supports concrets risquent de se perdre. Théorie : étant donné le sens habituel qui est donné à ce terme, il va s’agir de quelque chose qui peut par certains aspects manquer de formalisation (et seule une axiomatique des relations entre les objets textués peut venir combler ce manque). Mais il ne s’agira pas non plus de ce qu’on pourrait qualifier de « discours théorique philosophique » global. La philosophie n’a peut être rien à faire dans ces domaines ; car l’écriture utilisée pourrait se révéler inadéquate à l’exercice philosophique au sens classique. C’est donc un domaine extrêmement hybride auquel nous avons à faire – ce qui est probablement dû à la nature du sujet concerné...
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