Depuis Bergson, le concept est en France un objet variatif.
A l’opposé de la tradition métaphysique classique qui identifie le concept avec une définition fixe de l'idée représentant l’objet qu’il s’agit de penser de manière adéquate, il est venu à l’esprit des français que le concept pouvait être un objet suffisamment mobile pour composer avec la Vie qui le met en mouvement.
On sait que Sartre a donné à cette idée toute son extension avec l’existentialisme. Mais cette propension reste très présente chez des auteurs qui paraissent très éloignés de son influence, notamment chez Foucault ou Deleuze pour lesquels le concept est sans cesse approché dans ses aspects les plus nomadiques.
D’autre part, la déconstruction a précisément pour objet de déconstruire l’immobilité surplombante du concept en comprenant qu’il peut être associé à des visées transgressives dont on ne saisit pas toujours idéalement la finalité. La philosophie de la connaissance se transforme en une philosophie de l’action qui, comme chacun sait, comporte en France un versant éminemment politique.
C’est en ayant aujourd’hui la vue rétrospective de cette histoire de la philosophie en Europe que cet aspect de la pensée nous semble maintenant si apparent dans notre pays. Nous avons initié une recherche commune capable de transformer l'Idée en une pratique existentielle courante: une aventure de la dialectique et de l'esprit...
Entre temps, un dernier effort nous conduit désormais à la mutabilité absolue du Concept en matière noétique: le chemin emprunté depuis des décennies nous mène vers des contrées inattendues et nous invite maintenant à un changement manifestement spectaculaire de l’écriture philosophique. De nos jours, le destin des formes conceptuelles et de leur transformation ne nous a jamais paru si intimement lié à l’orientation de nos existences à venir…