L’écriture, comme Walter Benjamin l’a finement pronostiqué au siècle dernier, s’est maintenant libérée de son support historique, le livre. Plus encore, elle s’émancipe de son rôle de simple contenant, de code supposé valoir pour « la parole vive ».
Elle n’est plus depuis longtemps ce supplément de la voix auquel elle a bien voulu prêter sa fonction pendant toute l’époque « librio-centrique » ; mais en s’approfondissant au cours du XXème siècle dans son essence graphique, l’écriture se livre désormais à un face-à-face avec elle-même qui permet de (re)découvrir le vrai sens de l’acte d’écrire : reste intacte sa prétention à vouloir dire « l’être » comme disent les philosophes, à vouloir cerner l’essence de ce qui est exprimé, à vouloir communiquer les Formes de ce qui vient à l’expression.
Cependant, les différents tournants linguistiques qu’a connu le XXème siècle (à commencer par celui initié par Heidegger après Sein und Zeit…) nous ont appris à refuser au langage, dans son usage spontané, le pouvoir d’atteindre directement le « pensable », ce qu’il y a de véritablement formel dans l’essence de ce qui est désigné. Nous savons que l’étude raisonnée des conditions de possibilité du texte et de la langue qui concourt à son élaboration, permet rarement de remonter vers les principes qui rendent légitime l’expression de la pensée…
Pour autant, il nous reste la conviction que la Pensée se déploie naturellement comme discours : quel que soit le support employé pour son expression, le logos est déclaratif, prédicatif, explicatif au même titre qu’un Texte (mais quelle sorte de texte, avec quels mots, et dans quelle langue?). Il se manifeste nécessairement comme syntaxe (même si cette syntaxe « eidétique » ne correspond jamais à celle du langage que nous employons pour en rendre compte dans l’écriture courante avec les textes qui la mettent en œuvre…).
Dorénavant, il nous vient progressivement à l’idée que cette syntaxe archétypale tant recherchée pourrait approcher celle de l’Architexte : celle où s’exprime aujourd’hui la science des principes hypertextuels où l’écriture vient à se déployer sur les réseaux. Quel seraient alors ces Principes des principes à partir desquels une nouvelle syntaxe hyperscripturale viendrait à se former ? Et quels seraient ses rapports avec la Syntaxe eidétique que la Pensée déploie ?
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Jean-Philippe Pastor