Dans le Choeur des Aèdes (Devenir et temporalité II), il s’agit d’approcher l’inattendu et l’imaginaire qu’il déploie dans ses multiples significations par une forme d'écriture transverse : dans ce deuxième texte du livre, la forme narrative devient alors plus marquée. Dans D&T2, Le prétexte dérobé (texte n°1) est en effet suivi par un Proème en huit parties (texte n°2) qui se charge de cette tâche particulière. Celui-ci se présente au lecteur comme une sorte de Fantastique transcendantale de l'inattendu dont l'objectif est de circonscrire les schèmes imaginaires centraux liés à son occurrence: la constellation thématique qui l'informe. De ce fait, le type de narration invoqué et les multiples genres employés pour ce faire (brèves d'agences, traits auto-biographiques, nouvelles, analyses philosophiques, poèmes...) prennent un tour eux aussi très particulier...
Louis Prat - Ce faisant, ne versez-vous pas alors dans un certain thématisme, un exercice qui prétend à nouveau circonscrire par l'imaginaire ce qui, de toute façon, ne peut pas l'être logiquement dès le départ…
JPP - Il s'agit en effet de déplier toutes les significations possibles et imaginables de la thématique liée à la métabole, au jet d'après (ballein), à l'après-coup (meta), à la chute conséquente, à la transformation résultante etc. - et ceci afin de collecter méthodiquement la diversité des thèmes métaboliques dans une écriture retraçant l'imaginaire de l'inattendu, de l'inimaginable. Mais sans jamais faire valoir un supposé primat du sémantique accordé à la métabole, à sa dénomination, à son étymologie pour prétendre ensuite retrouver son sens originaire qui aurait été dissimulé par toute la tradition métaphysique par exemple - reproduisant ainsi un geste heideggerien ici bien inutile... Non, non rien de tout ça ! Au contraire l'exercice met peu à peu en valeur les composantes syntaxiques du Proème, comment il s'organise, comment il se déplie dans sa logique originale. C'est son algorithmique qui finit par prévaloir: comment les fragments hyper-textuels se lient entre eux, sous quelles conditions et par quelles formules de calcul et de prédication. L'interprétation des thèmes et des symboles exprimant la lançée, l'après-coup dans des fragments poétiques, prosaïques ou discursifs ne sont finalement jamais mues par une dialectique téléologique visant à rassembler la totalité d'un texte dans la vérité de son sens. En dernier ressort, celui-ci se métabolise, se change en un autre : la chaîne des fragments se transforme en La Métabole des Grecs (texte n°3), le texte suivant le Proème et dont la raison ne se comprend qu'au terme du Choeur des Aèdes au moment de son effacement... C'est ici la référentialité véritable du texte.
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Jean-Philippe Pastor
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