La méthode employée pour approcher les objets textués qui font “ la richesse des réseaux ” comprend l'indubitabilité de leur manifestation sur les écrans d'ordinateurs; mais sans s'engager pour autant dans la certitude et la caractérisation " des choses, des événements, des causes " qui pourraient être à l'origine de cette phénoménalité particulière. C'est tout le problème de la référentialité des événements numériques qui se pose là.
La méthode ici mise au point n'a d'autre but ni d'autre légitimité que d'accéder à l'apparition des phénomènes qui se produisent sur le réseau. Elle laisse derechef en suspens les questions relatives à l'intentionnalité des événements survenant en ligne; elle ne se prononce pas sur ce que les acteurs aperçoivent par l'emploi de telle ou telle capacité perceptive. Il s'agit d'atteindre dans son transfert même la manifestation - à travers, malgré, voire même sans les éléments perceptifs qui l'ont conduit à l'indubitabilité de ce qui se manifeste sur les moniteurs de réception. Il faut bien comprendre que dans ce que j'avance en termes de phénoménalité, la distinction entre écouter, sentir,voir etc. n'est thématisée (et thématisable) qu'à partir du moment où la perception se fixe a posteriori dans une détermination subjective de son emploi, c'est-à-dire la perception subjective comme ce qui vient par la suite filtrer, interprèter et informer la production manifestée de l'objet textué.
A ce stade, il faut se rendre compte que le mouvement d'apparition (le transfert) de ce qui se manifeste sur un terminal domine la manifestation.
Il dirige cette manifestation; et par cette direction, les particularités subjectives de ce qui se produit par tel ou tel sens n'importent plus essentiellement : que je le voie, l'entende ou le sente (et l'Internet déploiera dans l'avenir le spectre exhaustif de tout ce que nos sens permettent en matière de saisie sensorielle), c'est toujours le mouvement du phénomène qui m'advient d'abord dans toute la performance de sa manifestation; et qu'elle ne m'advienne ainsi que déformée, informée par la logique que le réseau impose, n'empêche pas que cette performance m'arrive dans le mouvement même de son apparition; cette in-formation, ce filtrage et même ce manque - dans les cas où l'intuition sensorielle en vient à être totalement dévoyée - ne se marquerait pas, si elle ne présupposait pas le mouvement du phénomène numérique initial.
L'extension de la numérisation des sens et des affects sur l'Internet est une tendance lourde de l'internet mobile. Le privilège actuel et provisoire de la vision dans l'utilisation du réseau sur les terminaux ne devient donc déterminant qu'une fois manqué le privilège - seul décisif - du mouvement d'apparition de l'événement numérique au sein même de son apparence sensible.
L'étendue du privilège de ce mouvement, transformation, transfert constitue l'affaire propre de la métabologie et n'en admet pas d'autre.
Retrouvez ce post traité par huit algorithmes différents dans La métabole -
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