L’écriture ne
passe plus nécessairement par les Lettres.
Du reste, si la philosophie écrite dans les livres continue d’être pratiquée, elle le doit encore à sa faculté de se faire des adeptes par le texte lettré. Pratique qui semblerait bien curieuse aux yeux de Platon pour qui la lettre est une chose morte, incapable d’agir en vue d’élargir le cercle de la philia philosophique. Et pourtant, un certain humanisme à l’origine des Temps modernes a su totalement déjouer ce sombre pronostic : non seulement les humanistes ont dans un premier temps réussi à se faire des amis aux quatre coins de l’Europe avec leurs livres mais ont encore imaginé que seules les Lettres étaient capables d’éduquer les lecteurs de manière à former une société entière travaillant à son humanitas.
Nous prenons à présent toute la mesure de l’échec d’une tel espoir. Et beaucoup redoute comme jadis Platon que tous les objets culturels contemporains, pour la plupart très éloignés de l’Ecriture au sens classique, soient jamais capables de créer un communauté de destin culturel entre les hommes. Mais c’est mal considérer à la base le rôle et la fonction que remplit l’écriture: naguère immobile et scriptée (comme Platon lui reprochait de l’être) ; aujourd’hui mobile et transformable – comme la fameuse dialectique des académiciens, elle prend désormais des formes insoupçonnées qui augmentent parfois le champ des possibles créé par les objets textués en matière d’adoption culturelle.
Pour toutes ces raisons, il nous faut reconsidérer de fond en comble le statut ontologique, métabologique du Texte (je mets un T majuscule au texte compris dans un sens élargi). Sa capacité à se créer des possibles noétiques au-delà de son être-là représenté.
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Jean-Philippe Pastor