Le textel dit d’abord la vérité par sa forme.
C’est son signifiant qui le révèle: le type de support qu’il emprunte (l’écran blanc, translucide du Kindle, du Ipad ou autres mobiles, PC…) le distingue, avant même que sa teneur importe. Dès lors, en envoyant un textel, il semble que je compose un nouveau genre, que je lui octroie un sens, que vous en héritez une nouvelle fois en reconnaissant ses contours, tours et détours…. Mais cette fois, cette nouvelle fois, d’une façon absolument inattendue, comme genre dont il manque précisément le genre.
Le textel qui sort de sa Base pour être envoyé connait maintenant sa détermination : il désigne le genre de ce qui reste d’écriture sur le Réseau malgré l’expérience contradictoire du genre qui se crée dans un tel espace. Il n’est pas le seul, il y en a beaucoup d’autres… Les textels s’envoient comme ce qui reste d’un Livre dont chacune des pages aurait été arrachée, éparpillés en mille milliers de petits morceaux colorés.
Au genre littéraire, à « l’original » du livre et de la lettre, l’écriture digitale met en évidence l’indétermination du genre. Elle favorise la reproductibilité indéfinie du support rigide et froid de la page d’écran. Il s’agit d’envoyer tous ces textels en nombre ; et la relation élémentaire qui leur reste, reproduite jusqu'à l’épuisement, ne souligne d’abord que la seule possibilité commune de pouvoir être r-envoyés.
Leur r-envoi confirme que l'on écrit faute de savoir complétement les lire (anagramme de lier). C'est en ré-écrivant que le réseau rend les textels enfin lisibles. Chaque textel dans sa structure actuelle anticipe sur sa ré-écriture à venir. Il s'agit d'envisager l'écriture numérique comme traduction ou réécriture systématique, à partir d'un hypo-textel qui de toute façon n'aurait jamais été préalablement écrit comme tel - et qui pourtant le fut: le textel vise là comme une répétition inaugurale, une première-fois mimétique originale. L'écriture est de l'ordre du paradoxe. Elle est l'expérience même de la littérature, d'une littérature qui n'est littérature qu'à partir de la littérature. De manière à ce que la métabolicité de chaque "fragment réécrit" interdise de pouvoir trouver dans la forme occurente du texte la vérité de sa signification définitive: l'analyse des parties du discours qui s'y tient, de sa syntaxe et de sa grammaire reste de toute façon insuffisante pour la comprendre totalement. Ré-écrire le textel destiné à l'envoi/renvoi de sa matière, c'est d'abord saisir sa valeur métabolique.
Dès lors, la lecture rencontre l'écriture par sa ré-écriture, le lecteur se trouve transporté dans l'exposition de l'écrit philosophique dont il doit répéter la lecture en vertu de sa pure métabolicité.
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Jean-Philippe Pastor
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