@Thaelm_ J'ai lu votre textel "Ce qui fait l’Hypertexte" http://bit.ly/7KBvLS sur Twitter. De mon point de vue, ce qui est chaud dans un hypertexte est du côté de l'intention, ce qui est froid reste du côté du lien automatique.
@jppastor_ .Merci de votre RT ! Cependant, pour répondre à votre remarque, croyez-vous vraiment que nous ayons besoin de l'intention pour marquer un faire ou un agir sur les réseaux sociaux?
@Thaelm_ Oui c'est évident...j'en reviens à votre conception du "possible" qui forme le cadre de votre analyse ... du moins ce qui est possible lorsque les possibilités d'agir sont en rapport direct avec la pensée. Ce qui est possible, c'est au moins un peu plus que ce que je pense...
-@jppastor_ Avant d'entamer la discussion sur la logique des possibles, j'interroge simplement la distinction que vous faites entre intentionnalité et automaticité dans votre twitt...Selon moi, un lien "automatique", ou plutôt automatisé peut très bien être transcendant (au sens de Genette) par rapport à ce qui s'exprime dans un texte: je signifiepar là que son automaticité ne reste pas (lettre) morte, fixe et sans conséquence active sur le net...
@Thaelm_ Ce que vous dites se discute; je ne crois pas vous suivre entièrement là dessus; car ce qui apparait comme transcendant doit la plupart du temps beaucoup à ce que fait le hasard dans la suite des liens (lien mécanique) plutôt qu'à un agir véritablement intentionnel.
@jppastor_ Pour moi, un hasard appartient à l'ordre de la modalité. C'est-à-dire qu'un hasard est effectivement toujours possible, donc pensable, formalisable (par exemple dans une Théorie du Chaos, des Mouvements Browniens, des Catastrophes etc); Par contre, un au-delà du possible, pour reprendre votre terminologie, n'est même pas dans l'imagination, a fortiori dans la pensée. Cette dimension de "ce qui arrive" n'appartient pas en conséquence au hasard et à l'indétermination.
@Thaelm_ Certes; mais il est des nombres impensables dont même les mathématiques ne savent pas rendre compte - toute coupure du hasard en produit...
@jppastor_ La définiton d'un nombre est d'être formellement identifiable, pensable (même si nous ne pouvons nous le figurer dans son contenu ou en valeur absolue). Un nombre impensable serait en conséquence selon vous un nombre non arithmétique: très intéressant comme concept en fait...mais tout à fait inédit vous en conviendrez.
@Thaelm_ Juste pour préciser: par exemple, c'est un grand hasard (très improbable) de produire une coupure qui donne un nombre décimal (limité)... Un nombre impensable n'est ni saisi en écriture, ni en compréhension, et ce sont les plus ... nombreux. Et les plus ignorés.... Accordez-moi de toute façon que la plupart des coupures de l'étendue effectuées par le hasard produisent un nombre transcendant que le langage ne peut alors pointer.
@jppastor_ Je maintiens qu'objectivement le hasard reste une notion très formelle à employer dans des domaines exclusivement formalistes: la Théorie des Quanta ou les Probabilités se construisent à partir du hasard. Pour ma part, il y a des mondes qui séparent le hasard de ce que l'on ne peut pas imaginer...et a fortiori pointer, déterminer.
@Thaelm_ Sur ce sujet, je jouais sur le thème, "si j'imagine quelque chose c'est que l'univers l'a déjà réalisé" - le possible étant en conséquence au-delà.
-@jppastor - Si c'est possible, c'est pensable. Donc il n'y a pas d'excès, de surplus, de point de fuite.Tout est déjà circonscrit dans l'ordre des principes modaux. C'est par "l'au-delà du possible" que le "je pense" s'ouvre sur le "un peu plus"....Si c'est possible, c'est que c'est nécessairement imaginable: le possible ne peut être au-delà, ne pensez-vous pas non?
@Thaelm_ Il me semble que dans ce que vous dites, tout se joue à ce niveau (et d'une manière certes originale et différente) dans les NTIC. L'intentionnalité dans les nouvelles technologies, c'est le chaud qui le nourrit.
@jppastor_ Oui, je suis d'accord avec vous, mais seulement dans une certaine mesure: tout dépend de la définition qu'on donne à l'intentionnalité. En bref, l'intention ne peut être pour moi celle d'un "sujet", d'un auteur, "d'un acteur délibéré" au fait de son action projetée etc....D'autre part, ces notions de chaud et de froid appartiennent à l'analyse sociologique des Mass-Medias caractéristiques de l'époque de Mc Luhan (qui les appliquent), de l'Ecole de Francfort, Habermas etc. La structure des réseaux sociaux selon moi s'y adaptent difficilement....
@Thaelm_ Mais enfin, quelle que soit l'époque, tout ce qui fait la différence entre un acte et un accident c'est l'intention non... ? (mais l'homme se positionne souvent maintenant, je vous l'accorde, en pilote automatique).
@jppastor_ Ce n'est pas seulement une question de pilotage ou de programmation dirigée... Sur le net, il y a aujourd'hui des intervenants, des acteurs connectés qui interfèrent avec ces éléments logiciels en permanence...rarement des sujets qui s'expriment et font valoir des intentions transparentes. Où sont les actes conscientisés qui s'élaborent sans l'ombre d'une intercession technique dites-moi? Derechef, l'intention, la motivation, l'acte conscient sont des concepts métaphysiques, très abstraits, très difficiles à décrire conceptuellement. Ils sont tirés de la Gestlat Theorie ou de la tradition phénoménologique. Ils ont vraiment beaucoup de mal à s'appliquer à notre temps du Network Age...
@Thaelm_Peut-être bien, mais l'intention résulte de la tension constante d'un lieu contenant de la Vie, elle s'actualise dans l'acte plus ou moins lent du média emprunté, par conséquent dans les réseaux aussi...
@jppastor D'accord. Mais à ce moment là, pouvez-vous m'en dire davantage sur le thème: intention et médiation, selon la compréhension que vous en avez?
@Thaelm_ Je vous avoue que je tire toute la signification du terme "intentionnalité" d'un domaine de connaissance très précis: l'intentionnalité est un concept très utilisé dans les pédagogies de la médiation, notamment dans l'approche du rôle du <médiateur>. Le hasard que je me risque à évoquer (et même à invoquer) dans notre discussion est celui propre au concept de geste. Par exemple, qu'en est-il du geste qui consiste à couper un ruban avec un couteau... qu'en est-il du lieu de la section opérée ... du nombre de découpes réalisées etc. Dans ce contexte, je lie ces idées à celle du fameux Pr Feuerstein, un éminent psychologue qui s'est occupé après guerre des enfants juifs traumatisés, victimes pour le moins de déprivation culturelle... Il montre précisément comment se construit le rôle du médiateur entre le réel et le monde humain, la condition par exemple du <petit d'homme> et l'environnement social (mais également dans le domaine éthologique de l'oiseau qui mâche pour son petit etc.)... en premier ressort, cela intéresse la perception. Il faut d'abord dans ce contexte une intention...d'un autre un environnement social, pour "manger" le réel. Sinon ...l'enfant devient sauvage ...il n'y a plus de passation possible. Dans cet esprit, Feuerstein a ainsi mis au point son "Programme d'Enrichissement Instrumental" et définit les critères de la (bonne) médiation...
@jppastor_ Oui d'accord, je vois où vous voulez en venir...
@Thaelm_ http://bit.ly/achqVI ... la suite est classique, le PEI a été industrialisé !!! (souriretriste)²²²
@jppastor_ Ok. En tout état de cause, il me semble que dans tout ce que nous avançons dans nos argumentations respectives, soit il y a médiation (parce que motivée par un agent extérieur) soit il y a intention (une autonomie dans l'agir), non?
@Thaelm_ Oui. Par la suite l'adulte produit l'auto-médiation. Ce qui permet cette autonomie dans l'agir.
@jppastor_ Certes, et pour revenir à notre sujet concernant le développement des réseaux sociaux sur le net, selon vous l'auto-médiation sur le net serait chaude, la médiation externe quant à elle serait froide...
@Thaelm_ euh... Pas de médiation sans intention. Donc toute trace stockée et livrée ne produit pas de médiation. (suppose l'auto-médiation). La trace est froide - elle simule le chaud grâce aux effets spéciaux - notre échange gorgé d'intentions - est chaud, n'est-ce pas?
@jppastor_ Machinalement, je vous dirais effectivement qu'il n'y a que l'intention qui compte - je veux dire du point de vue du calcul que l'intention suppose ! Ironiquement, Feuerstein jusque dans l'étymologie de son nom semble souffler le chaud et le froid. Le feu dans son patronyme lié à la froideur de la pierre !
@Thaelm_ Oui, l'auto-médiation semble dans tous les cas vérifiées...
@jppastor_ Cela dit, il me semble que nous touchons là très précisément et plus sérieusement à ce qui nous oppose: la trace est certes un effet, et même un effet très spécial comme vous l'annoncez; elle peut être comparée à une marque, une cendre, mais certaines cendres, remarquons-le, sont chaudes, voire brûlantes quand le feu s'étend. Dans le cas de la communication sur les réseaux, l'immanence du lien automatisé dans un texte ou un message peut être froid ou chaud selon les cas. En bref, ce n'est pas parce qu'il y a qqun derrière le lien on-line au moment de l'acte que la trace est nécessairement chaude.Il y a aussi sur le réseau de vrais monstres froids qui agissent en temps réel ! D'où le besoin de penser la littérarité de la trace, de la lettre en la libérant de toute intentionnalité, de toute motivation supposée. De la séparer de toute autre transcendance subjective ou métaphysique: le fait du sujet abstrait qui twitte par exemple... L'hypertextualité dans la signification ne peut se construire qu'à ce prix !