Un objet textué est constitué par le type de mouvement qui commande à l’effectuation de son programme – comme par exemple un site internet qui déploie son arborescence, un texte en ligne sur le réseau, un fichier .mov pour la lecture d’un film de cinéma, un fichier-son .wav pour un programme musical etc.
Cet objet n’est pas de nature immédiatement temporel en ce sens qu’il dépend avant tout de la métabolicité de sa configuration logicielle ; il ne devient temporel qu’au moment de son déchiffrage dans des circonstances de déroulement très précises : le temps de lecture d’un texte-papier dépend évidemment du seul lecteur (et dans l’absolu, la temporalité est une notion qui n’appartient qu’aux seules consciences); mais le temps de lecture d’un objet textué sur le réseau dépend également de l’intervention – programmée ou non – du scripteur qui commande à l’actualisation de son contenu lorsque le lecteur en prend connaissance ( soit par une intervention directe, en temps réel, de l’acteur internaute soit par la mise en œuvre applicative d’un certain nombre de scripts qui s’initialisent en fonction d’une configuration spécifique au moment de la lecture sans que le scripteur manifeste le moindre signe de présence dans la coordination des actes à ce moment là). Il résulte de cette différence dans la commande de la lecture d’un fichier que la nature d’un objet textué ne dépend pas prioritairement du temps de son déchiffrage au moment de sa lecture. Il dépend avant tout du mode métabolique et configuratif qu’il adopte dans la nature du déroulement/enchaînement interne des (info)grammes qui le constitue.
En bref, un objet est métabolique dans la mesure où il se constitue en tant qu’objet à la mesure du déroulement de son contenu interne (à la différence d’un objet comme une table par exemple, qui est au contraire constituée par sa stabilité – ou plutôt par le fait qu’il ne se déroule pas, qu’il ne se métabolise pas car dans le cas des objets comme la table, nous pourrions d’une manière aristotélicienne, considérer la stabilité comme un cas particulier du mouvement général qui s’impose au mode d’être des objets dans le monde.
En ce sens, l’objet textué adopte en premier lieu les caractéristiques du mouvement originaire qui le constitue ; et en particulier son mode interne de construction/destruction qui est à l’origine du mouvement des choses. Par exemple, pour reprendre un thème cher à la phénoménologie, une mélodie déchiffrée par un musicien devant sa partition ne se phénoménalise qu’à la mesure de l’apparition/disparition des notes qui se succèdent et font entendre dès lors un sens musical à celui qui joue comme à celui qui écoute. Ce déchiffrage ne dépend pas tant du temps que l’interprète prendra pour jouer son morceau. Car comme son nom l’indique, l’interprète a la possibilité d’une infinité d’interprétation dans son jeu qui ne dépend pas, pour chacune de ces interprétations, du temps que le musicien prendra pour jouer telle ou telle mesure – mais bien plutôt de la manière qu’il adoptera globalement afin d’interpréter stylistiquement – c’est-à-dire métaboliquement - le morceau).
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Jean-Philippe Pastor